Utilisation du sténopé dans mon TFE Monde est un trou pour moi
Influencé par Film Stenopeico de Paolo Gioli, j’avais envie de me saisir de l’occasion de mon travail de fin d’études (TFE) pour essayer d’y fabriquer des images sans objectif avec une caméra numérique. C’est même plus précisément après avoir vu le documentaire Laboratorio Gioli qu’a réalisé Bruno di Marino. Dans une séquence, Gioli présente son dispositif, sa « caméra sténopé », qu’il a inventée et fabriquée lui-même. Ses caméras plutôt (il y en a deux), qui ne sont pas des « caméras » mais des engins bricolés de ses mains, des tubes sténopéiques combinant le sténopé de type photographique et la prise de vue d’animation. Paolo Gioli y dit son amour de l’image sténopé, veloutée, ni nette ni floue, avec quelque chose d’une image ancestrale. Il avoue qu’il aurait bien aimé réaliser un film ou il ferait des plans en utilisant une caméra avec un objectif et d’autres au sténopé, pour voir côte-à-côte ces deux types d’images. Il m’a semblé intéressant de poursuivre cette idée en mélangeant dans mon TFE des images avec une série d’optiques et d’autre part un dispositif sténopé bricolé.
Pour ce faire, j’ai choisi d’utiliser une caméra à très haute sensibilité. En effet l’utilisation du sténopé demande beaucoup de lumière, vue la taille du trou. Il est possible de calculer l’ouverture d’un sténopé en fonction du diamètre du trou et de la profondeur de l’objectif, pouvant donner des valeurs de diaphragme très élevées.
Au lieu de solliciter des quantités énormes de lumière, j’ai préféré faire le choix d’utiliser une caméra avec une grande sensibilité de capteur, la Sony FX6 récemment acquise par la Fémis. La sensibilité de base de la FX6 est de 800 ISO avec un réglage de sensibilité amélioré de 12 800 ISO, ce qui offre en termes de lumière 4 diaphragmes de plus. Ce choix était plus en accord avec ma manière documentaire de tourner. J’ai beaucoup aimé la découverte des images produites par ce dispositif. Le bruit de la caméra se mélangeant au velouté de l’image me fait penser au grain d’un papier à
dessin, donnant à l’image un aspect très pictural.
Très concrètement, je mettais un morceau de cinéfoil (papier aluminium noir que l’on utilise beaucoup sur un plateau) sur la monture de la caméra, devant l’optique et je perçais un ou plusieurs trous avec une aiguille.
Le sténopé est donc une vision qui ne s’intéresse pas aux détails mais plus aux contrastes forts. Ici des percées de ciel à travers le feuillage d’un arbre, une tâche de soleil ou par exemple les vitraux de la cathédrale Saint Joseph du Havre.